Michel Bouzereau et fils : un sommet absolu de la Côte d'Or

fin de la vente : 06/05/2023

Le nom des Bouzereau est connu à Meursault - et bien au-delà - depuis fort longtemps : 7 générations déjà que cette famille y cultive la vigne. On doit cependant à Michel Bouzereau d’avoir progressivement fait entrer le domaine familial dans la cour des grands de la Côte d’Or. Guidé par son intuition et une énorme capacité de travail, il va en effet remanier et surtout considérablement agrandir le patrimoine viticole familial, sur les meilleurs terroirs de Meursault (et de Puligny-Montrachet). Dès les années 1970, il a compris avant les autres que c’était le moment d’acquérir des vignes dans le triangle d’or de la Côte d’Or, avant que les prix du foncier deviennent stratosphériques et finissent par « figer » les positions et rendre presqu’impossible l’acquisition de nouvelles terres, à moins d’être un riche investisseur américain ou asiatique...

En 1999, son fils, Jean-Baptiste, reprend alors les rênes d’un formidable patrimoine de plus de 10 hectares, dont il va s’occuper avec énormément de soin, de précision et de constance. Sans chercher de certification, il met en place des méthodes culturales respectueuses de la vigne. Il s’inspire de la bio-dynamie pour permettre aux vieilles vignes – majoritaires au Domaine - de conserver leur vitalité. Il replante exclusivement en sélection massale et poursuit patiemment l’œuvre de son père, en se portant acquéreur de nouvelles parcelles dès que l’occasion se présente, comme en 2004, avec cette superbe parcelle de vieilles vignes sur le mythique 1er Cru Perrières qui tombe dans l’escarcelle des Bouzereau et fait aujourd’hui la fierté de la famille.

Il va parallèlement peaufiner vinification et élevage pour s’affirmer comme un des grands stylistes actuels des vins de Meursault. Fort d’une nouvelle cave creusée directement dans la roche blanche, il allonge progressivement les élevages de ses meilleurs crus tout en utilisant davantage de grands contenants (demi-muids) qui marquent moins les vins. Toujours à la recherche de la juste maturité, il trouve aujourd’hui le parfait équilibre entre l’étoffe et la profondeur naturelle des vins de Meursault et de Puligny, la finesse et la précision des arômes et une lecture nuancée de chaque terroir. N’abusant jamais de la réduction « fumée-grillée », très répandue chez d’autres, Jean-Baptiste signe des blancs parmi les plus subtils et élégants de la Côte de Beaune.

Nous avons découvert les vins de ce rare millésime 2021 lors de notre traditionnel périple bourguignon en octobre dernier. A la fin de nos dégustations, qui nous ont menés dans une bonne trentaine d’adresses fort prisées de la Côte de Beaune, le constat était franchement enthousiasmant, balayant les craintes qu’une météo particulièrement capricieuse cette année-là avait pu faire naître. Ce millésime tardif, aussi atypique que confidentiel, a donné naissance ici à des blancs qui regorgent d’un fruit lumineux, charnu, savoureux et plein d’énergie. Tous les vins offrent une lecture des terroirs particulièrement saillante et nuancée. Des vins identitaires, qui reflètent à merveille le lieu qui les a vu naître : la réussite est éblouissante. Mais, malheureusement, une ombre importante subsistait : les quantités se révélaient historiquement faibles. Jean-Baptiste nous confiait qu’au global, c’est à peine un tiers de récolte qui est entré dans la cuverie. Certaines cuvées parcellaires, comme son Premier Cru Blagny ou son petit dernier, le "1473" que les fidèles de la Route des Blancs connaissent déjà, n'ont même pas pu être produites, tellement le raisin y était rare.

En cause bien sûr, l’épisode de gel survenu à partir du 7 avril, qui a touché des vignes très précocement débourrées après un hiver particulièrement doux. Malgré tous les efforts déployés (bougies, éoliennes…), Jean-Baptiste a vite compris que les espoirs d’une belle récolte, en quantité, s’étaient envolés avec ces frimas tardifs. Malgré tout, il a ensuite redoublé d’efforts à la vigne, avec ses équipes, pour accompagner efficacement les pieds qui avaient le moins souffert mais aussi les reprises de bourgeons plus tardifs. Le temps frais et humide du printemps et d’une bonne partie de l’été ne leur a pas facilité la tâche, entraînant une forte pression du mildiou.

Il a fallu attendre le 10 août pour voir le soleil revenir durablement, permettant aux maturités de reprendre leur cours. Les vendanges ont débuté le 18 septembre, jusqu’au 25 : elles se sont déroulées sous de bonnes conditions météo, enregistrant près d’un mois de décalage par rapport à celles du millésime précédent. Si les rendements étaient extrêmement faibles, plusieurs bonnes nouvelles se profilaient cependant : l’état sanitaire des raisins était plutôt bon. Et surtout, le faible nombre de grappes sur chaque pied a permis d’atteindre de superbes concentrations, avec des aromatiques expressives, des jus charnus et savoureux, et des degrés d’alcool potentiels satisfaisants, entre 12.5 et 13°.

Au final, Jean-Baptiste nous gratifie cette année encore d’une collection de très haut rang, qui illumine les terroirs de Meursault et Puligny. Expressifs et parfaitement équilibrés, concentrés mais dotés d’une prodigieuse énergie interne, d’une élégance suprême, ses vins, ciselés et actifs nous enchantent. Récemment honoré par le guide de la Revue du Vin de France d’une troisième étoile, Jean-Baptiste Bouzereau a rejoint un cénacle murisaltien aussi restreint que légendaire, aux côtés de Coche-Dury, Comte Lafon et Roulot : une consécration largement méritée.

En complément de notre allocation de ce rare millésime 2021, nous vous proposons les toutes dernières bouteilles du mémorable millésime 2020, unanimement salué comme un de ses plus grands. C’est maintenant, c’est culte et c’est uniquement sur la Route des Blancs.

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