Rare et précieux Saint-Péray signé Auguste Clape

Voici une de ces perles rares, un de ces vins qui n’existent que dans le souvenir de quelques amateurs qui ont la chance de l’avoir goûté, tant ce Saint-Péray est confidentiel et si difficile à se procurer !

Un blanc profond et complexe signé par une légende de la vallée du Rhône, un Domaine iconique sur toute la planète Vin : Auguste Clape. Cette petite propriété familiale d’à peine 9 hectares a su faire (re-)découvrir et adorer, auprès des amateurs du monde entier, les vins de Cornas : elle en est, depuis longtemps déjà, la référence absolue. En parallèle, et de façon bien plus confidentielle, elle produit aussi, sur moins d'un hectare, ce blanc de grande envergure, qui fait la part belle aux vieilles vignes de marsanne.

Sur ces coteaux de la rive ardéchoise du Rhône, les vignes ont été abandonnées après la crise phylloxérique puis la première guerre mondiale, au profit de cultures céréalières et fruitières. La famille Frugier décide cependant, dès les années 1920, de maintenir une petite activité de production de vins. Mais c’est avec Ariette Frugier et son mari, Auguste Clape, que le Domaine tel qu’on le connaît aujourd’hui prend son essor.

Les époux Clape créent dans les années 1950 le premier marché aux vins de Cornas et, surtout, décident de mettre en bouteille leur syrah avec le millésime 1957 : dès lors, la légende est en marche ! Au fil des décennies, ils vont bâtir un patrimoine viticole certes petit mais qualitativement exceptionnel, sur les meilleurs terroirs de la colline de Cornas, aux sols d’arènes granitiques plus ou moins sableuses, complétées de quelques rares îlots d’éboulis calcaires.

Conduit par Pierre et désormais Olivier Clape, respectivement fils et petits-fils d’Ariette et Auguste, le Domaine produit la référence incontournable de l’appellation Cornas, une syrah dont on s’arrache la moindre bouteille aux quatre coins du « mondovino ». Ce que l’on sait moins, c’est que les Clape élaborent une autre pépite, en quantité infime et généralement réservée à une poignée de clients historiques du domaine : un formidable Saint-Péray, à la profondeur et la complexité digne des plus grands Hermitages blancs.

Issue d’une petite parcelle de moins d’un hectare, la marsanne, largement majoritaire et complétée d’environ 10% de roussanne, s’appuie sur des sols granitiques, mêlés à quelques argiles, à la différence des Saint-Péray produits plus au Sud de l’appellation, autour de la colline de Crussol, issus de sols à dominante calcaire. Les vignes d’une bonne cinquantaine d’années sont plantées sur des pentes raides et bien drainantes. Travaillées en suivant les principes d’une culture biologique, respectueuse des équilibres du vivant, elles puisent dans ce substrat cette ampleur, ce gras de texture, et cette belle vibration minérale et épicée que l’on retrouve dans le vin.

Soucieux de préserver au maximum le goût du fruit et conscient de la richesse naturelle du terroir, les Clape font le choix d’une vinification très peu interventionniste, en cuves de ciment, suivie d’un élevage d’une dizaine de mois où ils combinent, selon les millésimes, petite cuve ovoïde en ciment, vieux foudre et une grande jarre de terre cuite.

Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir le tout nouveau millésime 2023, un petit bijou d’équilibre entre sensualité, finesse et fraîcheur. Un millésime qui ne fut pourtant pas de tout repos à la vigne.

Les bonnes pluies de l’automne 2022 avaient permis de reconstituer des réserves hydriques dans des sols assoiffés après une longue période de sécheresse. Le début d’hiver assez doux a laissé ensuite la place à un mois de février bien froid. Une fois encore, cette période fut marquée par un important déficit pluviométrique. Le débourrement fut assez tardif et plutôt lent. La végétation s'est véritablement réveillée avec l’arrivée des pluies printanières à partir de la fin du mois d’avril. Si bien que fin mai, la floraison avait déjà bien démarré. Les travaux en vert furent importants, d’autant qu’à la fin du printemps ont alterné des périodes de petites pluies avec des phases plus chaudes, favorisant l’apparition du mildiou.

Si la sortie de grappes avait été très belle, rapidement, la situation s’est dégradée avec la pression du fameux champignon qui a donné du fil à retordre aux Clape et à leurs équipes. Il a fallu multiplier les traitements préventifs au cuivre et se montrer particulièrement précis dans la gestion du développement foliaire pour minimiser l'apparition de nouveaux foyers, en favorisant au maximum l’aération des grappes et des feuilles. En août, les températures se sont emballées, sous l’influence d’un vent du Sud omniprésent. Fin août, on se rapprochait des records de chaleur pour la période. Heureusement, les pluies orageuses à la fin du mois d’août ont permis de rééquilibrer la situation.

Les marsannes ont été vendangées dans les premiers jours de septembre. Les rendements étaient satisfaisants malgré la pression du mildiou. La très bonne nouvelle, c’était la qualité des équilibres, avec des aromatiques subtiles, florales et poudrées, et de belles concentrations fruitées des jus. Une nouvelle preuve de la force des grands terroirs qui savent parfaitement résister à une météo souvent capricieuse, voire extrême, pour donner leur meilleur et transmettre leur message avec précision et intensité.

Au final, les Clape nous livre un Saint-Péray rayonnant de gourmandise et de finesse, porté par un élan de fraîcheur aux accents anisés et citronnés. Seule ombre au tableau : les quantités sont très limitées. Ne tardez pas !

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