Corse

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Un peu d’histoire…

Un vignoble modelé par les occupations successives

Les vignes sont l’un des éléments constitutifs du paysage corse depuis plus de 2 500 ans. Avant même que les Grecs n’en aient imposé la culture sur l’île, au VIe siècle av. J.-C., des ceps poussaient à l’état sauvage sur ce territoire ensoleillé. L’implantation d’une colonie phocéenne à Alalia (Aléria, sur la côte est) a permis le développement d’un savoir-faire viticole. Il en a découlé la production d’un vin apprécié par les occupants.

De nombreuses puissances colonisatrices se succèdent au fil des siècles sur cette terre, véritable carrefour stratégique au cœur de la Méditerranée. Certaines d’entre elles poursuivent la route tracée par les Grecs : les Romains, puis, au Moyen Âge, les Pisans ou les Génois, œuvrent au maintien d’une production de vins qui se retrouve alors sur les tables des puissants, dans leurs contrées d’origine. La Corse devient une terre où la culture de la vigne est une composante essentielle tant du paysage que de l’économie. L’île en profite pour acquérir dans le même temps une grande expérience en matière d’échanges commerciaux. Son passage sous pavillon français, en 1769, ne change pas la donne. Les exportations de vin corse, vers l’Italie du Nord en particulier, se poursuivent.

D’une production de masse à des appellations de qualité

La seconde moitié du XIXe siècle porte toutefois un coup d’arrêt à l’expansion de l’activité viti-vinicole. L’oïdium puis le phylloxéra ravagent les vignobles, laissant derrière eux une filière exsangue. Après plusieurs tentatives infructueuses, ce n’est que dans les années 1960 que la production connaît un réel renouveau. L’arrivée des rapatriés d’Algérie sur le sol corse provoque une dynamique favorable au secteur. Mais c’est alors le choix de la productivité qui est fait. En 1976, on recense 27 194 hectares de vignes qui produisent 1,9 million d’hectolitres…

La crise des années 1970 est l’occasion d’une réorientation de la stratégie d’ensemble de la filière. C’est cette fois la qualité et la typicité des vins qui sont mises en avant. Un programme d’arrachage est mis en œuvre, des terroirs de caractère sont délimités. En parallèle, les cépages traditionnels sont privilégiés. En 1986, le vignoble corse ne s’étend plus que sur 12 054 hectares, avant de se stabiliser, au milieu des années 1990, sur 7 000 hectares environ.

Le travail mené sur ce vignoble a porté ses fruits, plusieurs AOC ayant progressivement été obtenues : Patrimonio dès 1968, Ajaccio en 1971, puis, en 1976, une appellation régionale Vin de Corse (et ses 5 AOC « Villages » : Calvi, Coteaux du Cap Corse, Figari, Porto-Vecchio, Sartène). Le Muscat du Cap Corse a suivi en 1993. Le vignoble couvre aujourd’hui près de 7 000 hectares, pour une production d’environ 330 000 hectolitres. La part des vins AOC progresse régulièrement – c’est l’un des objectifs stratégiques portés par l’interprofession. Avec 116 000 hectolitres, elle a aujourd’hui dépassé le tiers de la production (le reste devant se contenter du statut de Vin de pays ou Vin de France). Les AOC corses produisent 55 % de rosés, 33 % de vins rouges, 10,5 % de vins blancs et 1,5 % de muscat.

Des terroirs répartis sur le pourtour littoral de l’île

Le vignoble corse est réparti sur la quasi-totalité du pourtour littoral. Cette île doit être avant tout appréhendée comme un massif montagneux : 55 % du territoire est situé à plus de 400 mètres d’altitude, 20 % à plus de 1 000 mètres. Ce sont d’ailleurs les reliefs corses qui, lorsqu’on progresse dans les terres, imposent une limite naturelle à la pratique de la viticulture. Ils dessinent dans le même temps de nombreux coteaux favorables à l’implantation des ceps.

On trouve ainsi les vignes, au nord, dans les secteurs du Cap Corse et du golfe de Saint-Florent, au nord-ouest dans la région de Calvi, tout comme dans celle d’Ajaccio, le long de la côte occidentale. Elles sont également présentes au sud de l’île mais aussi et surtout sur la côte orientale, qui représente le plus important secteur viticole de Corse, de Bastia à Bonifacio.

Très ensoleillées, les nombreuses vallées de l’île abritent de multiples variantes du climat méditerranéen. Autant de microclimats qui participent, avec la composition changeante des sols, à la définition de terroirs donnant leur typicité aux vins produits.

Quatre zones géologiques distinctes

La Corse est dotée d’une grande variété de sols, dont la pauvreté est globalement favorable à la vigne. Ils constituent la base de nombreux terroirs hétéroclites, et donc de vins aux typicités variées et affirmées.

On peut recenser 4 grandes zones géologiques sur l’île. La première, la plus importante, s’étend sur les deux tiers de la Corse, dans les parties ouest et sud. Il s’agit de la Corse cristalline, limitée par une ligne Solenzara-Corte et constituée de massifs granitiques (formés entre – 340 et – 280 millions d’années). Ces sols sont riches en silice, alumine, potasse (avec également, par endroits, la présence de calcium).

La deuxième zone est située au nord-est de l’île. Elle regroupe des sols schisteux, riches en carbonate de calcium.

Autre ensemble géologique : le Nord-Ouest et le Sud où les calcaires dominent, tant aux alentours de Patrimonio (sous la forme de placages) que de Bonifacio.

Enfin, la côte orientale, de Bastia à Bonifacio, dessine un ensemble de plateaux sédimentaires, de collines et piémonts où se trouvent des sols argileux et silico-argileux mais aussi des calcaires, des grès et des sables.

Un climat méditerranéen aux multiples modulations

Bien comprendre le vin corse impose de se pencher sur le climat atypique de la région. L’île se distingue en effet par sa latitude, similaire à celle de Barcelone ou de Rome. Elle abrite donc les vignobles les plus méridionaux de France, qui bénéficient d’un ensoleillement exceptionnel – parmi les plus importants du pays, avec une moyenne de 2 750 heures par an ! Le climat méditerranéen qui règne en Corse subit une triple influence, de la montagne, de la mer et des vents. Autant de facteurs qui jouent un rôle positif pour la croissance de la vigne et permettent l’identification de multiples microclimats, à l’origine de la diversité des vins corses.

Les hivers sont doux et, lors de printemps tout à la fois précoces et pluvieux (point positif pour le développement des ceps), les gelées sont rares. Les vignes bénéficient par ailleurs d’étés chauds et secs. À cette saison, la proximité maritime et la plupart des vents observés adoucissent les températures, ce qui permet au raisin d’avoir une phase de maturation plus longue que dans d’autres régions méditerranéennes (10 à 15 jours de plus).

Le climat méditerranéen se décline, selon les régions et les terroirs, en de multiples modulations. Les vents, parfois violents, contribuent grandement à ces nuances climatiques. La tramontane souffle du nord et amène des Alpes froid et sécheresse ; le gregale apporte des pluies sur la côte orientale ; le libecciu, venant du sud-ouest, est lui aussi humide… S’y ajoutent le mistral en provenance du nord-ouest, ou encore le sirocco, vent venant du sud, ainsi que de nombreuses variantes locales. S’ils tempèrent le plus souvent le climat méditerranéen, ces vents jouent également un autre rôle clé pour la conduite de la vigne : leur souffle a pour effet d’assainir notablement le vignoble et d’éviter bon nombre de maladies, créant ainsi des conditions favorables à son développement.

Le vermentino (vermentinu), cépage star parmi les blancs

Le vignoble corse est caractérisé par la présence en son sein de nombreux cépages autochtones. Ils sont une trentaine et, si des variétés importées sont également plantées (le merlot ou le grenache en rouge, le chardonnay en blanc par exemple), ce sont les variétés indigènes qui sont massivement cultivées et donnent leur typicité aux vins de l’île (et notamment à ses 4 AOC). Afin que les consommateurs français comme étrangers identifient mieux les vins corses, la production avec ces cépages est d’ailleurs aujourd’hui vivement encouragée par la filière viti-vinicole de l’île.

Ces variétés sont majoritairement dédiées à la production de rosés et de rouges. Les blancs ne représentent que 10,5 % des vins, auxquels s’ajoutent 1,5 % pour le muscat du Cap Corse.

Les vins blancs possèdent une « variété star », cépage principal de toutes les AOC produites en Corse : le vermentino (ou vermentinu, ou malvoisie de Corse, ou rolle). On le retrouve planté sur pas moins de 1 150 hectares du vignoble, soit 17 % des surfaces, dans toutes les régions de l’île. Le climat corse garantit à ce cépage à maturité tardive bien connu en Italie des conditions de développement optimales. De fait, il trouve dans ses terres corses d’origine son meilleur terrain d’expression. Doté de bonnes capacités d’adaptation aux différents sols de l’île, il apporte aux vins une grande finesse, et des arômes puissants (de fleurs blanches et d’agrumes en particulier). Les productions sont très typées et marquées par l’onctuosité et le gras en bouche. Sa faible acidité amène souvent les vignerons à l’assembler avec d’autres cépages comme l’ugni blanc, afin d’apporter suffisamment de fraîcheur au vin.

On trouve d’autres cépages autochtones aux côtés du vermentino, à commencer par le bianco gentile, présent en faibles proportions dans les régions de Figari et Sartène au sud. Il apporte aux blancs des arômes marqués (agrumes confits, fruits mûrs). L’ugni blanc participe lui aussi à l’élaboration des blancs secs corses. Variété plus productive mais peu aromatique, elle confère aux assemblages nervosité et acidité. Codivarta, barbarossa ou genovese figurent également au nombre des cépages accessoires dans les assemblages.

Au nord, dans les secteurs du Cap Corse et de Patrimonio, on recense enfin une centaine d’hectares de la variété muscat à petits grains qui permet d’élaborer le muscat local. Il s’agit d’un cépage donnant des vins fruités et sucrés.

Typicité des vins blancs corses

La typicité des blancs corses est très dépendante des spécificités du cépage autochtone vermentino, qui s’exprime à merveille dans son écrin naturel. La plupart des cahiers des charges des appellations d’origine contrôlée imposent en effet sa présence à 75 % minimum. Il trouve ici les terroirs les mieux adaptés pour dévoiler toutes ses caractéristiques.

Les productions de vins corses blancs sont ainsi marquées en premier lieu par une grande finesse aromatique. Les notes florales (aubépine) et d’agrumes s’imposent nettement au nez, suivies parfois de notes minérales (silex, pierre à fusil). On peut également relever des saveurs d’amande et de pomme. Les vins en monocépage vermentino offrent aussi à la dégustation des arômes de fruits mûrs (dans l’AOC Ajaccio notamment). Ces vins blancs, très typés, apparaissent en outre d’une remarquable fraîcheur, malgré le gras et la puissance en bouche. Il est généralement conseillé de les déguster jeunes, mais les meilleurs crus, surtout lorsqu’ils sont élevés en fût, disposent d’une belle aptitude au vieillissement.

Les vins doux produits au nord de l’île sous l’appellation Muscat du Cap Corse disposent, quant à eux, des caractéristiques propres à la variété muscat à petits grains. Ce sont des vins qui se distinguent par leur grande fraîcheur et qui apparaissent moins liquoreux que les muscats du Languedoc-Roussillon.

Quelques accords mets et vins

Dotés d’une belle fraîcheur et d’arômes de jeunesse, les vins blancs de Corse se révèlent être de délicieux compagnons pour les produits de la mer. Ils accompagnent notamment à ravir les plateaux de fruits de mer. La vivacité d’un blanc sec AOC Corse-Porto-Vecchio convient parfaitement aux coquillages, la rondeur et l’ampleur d’un blanc AOC Patrimonio aux crustacés. Les vins blancs secs se marient également fort bien avec des poissons grillés ou cuits au four, mais sont aussi adaptés pour déguster une spécialité locale, l’aziminu, la bouillabaisse corse.

Les vins blancs de l’île s’imposent également à l’heure du fromage. La Corse produit d’excellents chèvres qui peuvent être dégustés accompagnés d’un blanc sec et jeune. L’un des emblèmes de la gastronomie corse, le brocciu, fromage fabriqué à partir du petit-lait de chèvre et/ou de brebis, peut lui aussi être servi avec un vin blanc sec (AOC Vin de Corse par exemple).

Vin doux naturel, le muscat du Cap Corse est quant à lui tout indiqué pour mettre en valeur les fromages à pâte persillée comme le roquefort. Il a par ailleurs toute sa place aux côtés des desserts traditionnels corses comme les fritelli (beignets à base de farine de châtaigne) ou les canistrelli (gâteaux secs à l’anis), et s’associe fort bien avec les desserts aux fruits. Sa remarquable fraîcheur est enfin appréciée au moment de déguster des canapés de foie gras.

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