AOC Jasnières

Bien que généralement rattachée à la région viticole de la Touraine, cette appellation très confidentielle est un peu excentrée : elle longe la rive droite du Loir et occupe environ 80 hectares situés sur les communes de Lhomme et Ruillé-sur-Loir, dans la Sarthe.

Ce vignoble exclusivement consacré au chenin est réputé depuis fort longtemps puisque les moines cisterciens cultivaient la vigne sur cette rive du Loir et que le vignoble a fait l’objet de cartographies très détaillées sous le règne de Louis XIV… Ce petit vignoble a ensuite été un peu oublié, au détriment de ses voisins beaucoup plus étendus de l’Anjou ou la Touraine. Bien que classé en AOC dès 1937, c’est seulement dans les années 1970 que Jasnières connaît un regain d’intérêt de la part d’un public d’amateurs, grâce aux efforts de la petite vingtaine de vignerons de l’appellation pour produire des blancs secs de grande qualité. Aujourd’hui, entre 4 000 et 5 000 hectolitres seulement sortent chaque année des caves crayeuses de la zone.

Bien que l’un des plus septentrionaux de la vallée de la Loire, le vignoble bénéficie en effet d’un terroir exceptionnel de sols d’argiles et de graviers de silex, et d’un substrat calcaire de tuffeau. L’exposition plein sud de ce grand coteau plongeant avec une forte pente vers le Loir et la protection de la forêt de Bercé au nord finissent d’assurer à la zone toutes les conditions pour une culture très aboutie du chenin, seul cépage autorisé dans l’appellation.

Les jasnières tirent de ces éléments leurs traits caractéristiques : ce sont des vins au nez minéral marqué (notes de pierre à fusil typique du tuffeau), avec ensuite des notes plus florales (acacia, aubépine) voire végétales (écorce). Ils évoluent en bouche vers des arômes de pommes et de coing pour les plus jeunes, puis de miel et de fruits secs après quelques années de garde.

L’équilibre entre fraîcheur du chenin et minéralité apporté par le terroir fait des jasnières des vins réputés pour leur grand potentiel de garde sur plusieurs décennies, aussi bien pour les blancs secs que pour la toute petite production de blancs moelleux les meilleures années, lorsque le climat a permis au chenin d’atteindre une surmaturité et une concentration suffisantes.

Comme les grands vins issus du chenin blanc, ils s’accordent parfaitement avec les crustacés, les poissons plats ou les poissons d’eau douce et, bien sûr, des fromages de chèvre frais ou secs.

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