AOC Châteauneuf-du-Pape

Probablement la plus réputée de toutes les appellations du Rhône méridional, l’AOC Châteauneuf-du-Pape en est aussi la plus ancienne puisque le premier syndicat de producteurs y fut créé dès 1923. Bien que très minoritaire (elle couvre à peine 200 hectares sur les 3 200 hectares cultivés que compte l’appellation), la production de vins blancs atteint ici des sommets. S’y concentrent toutes les qualités attendues d’un grand vin blanc du Sud : puissance et richesse aromatique, fraîcheur et densité en bouche.

L’histoire de Châteauneuf-du-Pape est évidemment intimement liée à celle de la papauté, installée à la fin du Moyen Âge en Avignon. Et plus précisément au pape Clément V qui, dès le début du XIVe siècle, y fit planter de nombreux ceps, puis Jean XXII qui, non content d’apprécier les vins produits sur ces coteaux de la rive gauche du Rhône, y fit construire un château, au milieu du vignoble pontifical. C’est à lui que l’on doit à ce vin la dénomination prestigieuse de « vin du pape » devenue par la suite « Châteauneuf-du-Pape ».

La zone d’appellation est inchangée depuis sa reconnaissance dès 1933, sous l’égide du célèbre juriste-vigneron, le baron Le Roy, à l’origine du modèle de cahier des charges d’AOC encore en vigueur aujourd’hui. Elle s’étend sur toute la commune de Châteauneuf-du-Pape et sur les meilleurs terroirs des 4 communes avoisinantes (Bédarrides, Courthézon, Orange et Sorgues).

Elle bénéficie d’un terroir argilo-calcaire, reposant sur un socle de calcaire blanc, mêlé en surface à des marnes et argiles rouges riches en oxyde de fer. Caractéristique marquante du terroir de Châteauneuf, les sols des plateaux sont recouverts de gros galets roulés, charriés par le Rhône, favorisant le drainage et la restitution de la chaleur au pied des ceps. Les pentes des coteaux laissent apparaître, quant à elles, un sol de graves. Le vignoble occupe l’un des terroirs les plus secs du Rhône Sud, souvent balayé par le mistral et particulièrement bien ensoleillé.

Une autre particularité de cette appellation, c’est bien sûr la multiplicité des cépages qui y sont autorisés et complantés : pas moins de 13 cépages entrent dans les assemblages des vins rouges ou blancs de Châteauneuf, dont 5 pour les seuls vins blancs : roussanne, bourboulenc, clairette, picpoul et picardan. Pour certains, cette diversité historique des cépages complantés ici a largement contribué à la bonne résistance du vignoble local lors de la crise phylloxérique de la fin du XIXe siècle. À noter enfin que plusieurs cépages blancs sont également autorisés dans l’élaboration des vins rouges, afin d’apporter de la fraîcheur à un grenache très opulent…

Les vins blancs de Châteauneuf-du-Pape rivalisent, par leur complexité, avec les grands condrieux ou hermitages du Rhône Nord. Malgré les infinies nuances qu’apporte cette véritable « science de l’assemblage » pratiquée par les vignerons du cru, on retrouve souvent un bouquet de notes florales (acacia, chèvrefeuille), d’agrumes (citron, pamplemousse) et de fruits ensoleillés (pêche, abricot). Des arômes plus exotiques (ananas, litchi) ou miellés complètent parfois le nez.

En bouche, les vins révèlent une onctuosité hors du commun, le disque est épais et la matière profonde. La trame acide permet cependant de conserver une belle fraîcheur. Le châteauneuf-du-pape blanc offre une belle persistance, marquée par des notes finales plus grillées (fruits secs). En vieillissant, les notes miellées et épicées (vanille) s’affirment. Son potentiel de garde dépasse facilement 10 ans.

Grand vin de gastronomie, les châteauneuf-du-pape blancs accompagnent particulièrement bien les tartares de poisson (saumon, thon), les crustacés nobles (homard, araignée de mer, langouste), les poissons en sauce, même épicée (façon tajine ou plus traditionnellement au beurre blanc). Bien sûr, les viandes blanches et volailles lui conviennent également : ils sont superbes avec un poulet aux morilles ou demi-deuil. Les fromages frais, de chèvre ou de brebis, et les fromages à pâte molle (brie, camembert) répondent fort bien à leur remarquable onctuosité.

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