Clos La Néore : le blanc mythique de Chavignol

fin de la vente : 06/07/2023

Ne boudons pas notre plaisir de pouvoir faire étape aujourd’hui au cœur d’une des adresses les plus prisées du vignoble ligérien, le confidentiel mais légendaire Clos La Néore, d’Anne et Edmond Vatan, véritable phare du vignoble sancerrois en général et de Chavignol en particulier. Celles et ceux qui ont eu la chance de goûter au moins une fois ce vin savent que l’on atteint ici un sommet d’équilibre entre richesse et finesse, entre densité de bouche et vibration minérale, fraîcheur chlorophyllienne et générosité fruitée. Mais aussi un sommet de longévité : La Néore se joue des années voire des décennies avec une aisance stupéfiante !

Les racines vigneronnes des Vatan sont très anciennes : si une partie de la famille est originaire du village voisin de Bué, on retrouve déjà des actes de propriété de quelques arpents de vignes et d’une cave à Chavignol dès le 16ème siècle. Ce n’est qu’au 18ème que les Vatan font l’acquisition de parcelles sur le lieu-dit La Néore, au cœur du coteau des Monts-Damnés. Longtemps, le travail de la vigne est resté ici une affaire strictement locale, les tonneaux de vins produits ne dépassant guère les limites du village de Chavignol et de quelques communes voisines.

C’est avec Edmond Vatan que l’histoire prit une autre tournure. Infatigable travailleur qui régna pendant plus de 60 ans sur les 5 hectares de vignes familiales, ce paysan dans l’âme, humble et discret, a largement contribué au rayonnement des vins de Chavignol, d’abord jusqu’à Paris, puis, aujourd’hui, sur toute la planète vin. Au prix d’une vie de labeur et d’efforts millimétrés, animé par un souci du détail et une connaissance presque charnelle de ce terroir des Monts-Damnés qui surplombe la maison familiale, Edmond Vatan a créé ce qui, aujourd’hui encore, fait figure de parangon indépassable pour tout amateur en quête de l’expression la plus intense, authentique et aboutie du sauvignon sancerrois. Un raisin né sur un terroir exceptionnel de marnes kimméridgiennes et de calcaires.

Lorsqu’il décide de prendre du recul en 2008, peu avant de fêter ses 80 ans, Edmond accepte finalement de confier les clés du joyau familial à sa fille Anne. Une transmission qui n’allait pourtant pas de soi. Pour ce natif de l’entre-deux-guerres, ses filles « méritaient mieux » que de rester au village : le dur travail à la vigne était bon pour les hommes. Pour elles, il rêvait plus grand : qu’elles fassent les études qu’il n’avait pas eu l’opportunité de suivre et qu’elles partent à la ville, alors promesse d’une vie meilleure. Pour Anne, ce sera donc la direction de Paris où elle se passionne pour l’histoire et l’histoire de l’art, tout au long d’un brillant parcours qui la mènera de l’Ecole du Louvre à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, jusqu’à son doctorat d’archéologie.

Pourtant, pendant toutes ces années, elle n’oublie pas les vignes familiales. Dès la fin des années 1990, elle exprime à son père le souhait de revenir à ses côtés pour « apprendre le vin », mais Edmond n’est toujours pas très chaud… Anne sait cependant qu’à la vigne comme à la cave, tout est affaire de patience. Ici, le temps s’étire et la précipitation n’apporte rien de bon. Alors elle attend, et revient régulièrement à Chavignol prêter main forte à son père, entre deux chantiers de fouilles archéologiques.

Puis vient donc cette année 2008 qui marque un tournant dans la vie de ce petit domaine familial, déjà célébré sur les plus grandes tables du pays et d’ailleurs pour ces blancs exceptionnels. Se sentant moins vaillant, à la vigne comme au chai, Edmond accepte de confier les clés de la cave à sa fille, Anne, et de lui apprendre cette succession de gestes simples mais d’une précision extrême qui ont fait la renommée unique des vins signés Edmond Vatan. D’un commun accord, ils décident de se concentrer sur une seule parcelle, la plus belle et la mieux placée, le Clos La Néore : une vigne d’un hectare seulement, parfaitement située à mi-coteau, au cœur des Monts Damnés. Le reste du vignoble est confié en fermage à des voisins de vigne.

Démarre alors pour Anne son véritable apprentissage, sous l’œil bienveillant du paternel : d’abord à la vigne, bien sûr. Elle sait bien que c’est là que tout se passe, ou presque. Elle apprend les subtilités de la taille, elle prolonge l’approche de son père qui pratiquait déjà une viticulture biologique, sans intrant de synthèse, bien qu’il n’ait jamais revendiqué un quelconque label. Comme lui, elle va avant tout chercher la juste maturité du fruit : pas celle des analyses techniques, mais tout simplement ce moment où le raisin est bon à manger, peaux et pépins compris.

De même à la cave, Anne veille à se glisser dans les pas de son père, sans bruit, avec calme et détermination : « le vin est déjà si bon, pourquoi chercher à emprunter une autre voie ? ». Comme lui disait l’ami Didier Dagueneau, avec son franc-parler légendaire, « un joyau comme ça, tu dois le faire vivre, tu ne peux pas le laisser tomber ! ». Au chai, elle limite au maximum les interventions et n’utilise aucun artifice œnologique, faisant du respect de l’intégrité du fruit sa valeur cardinale. « Si le raisin est bon, à quoi bon chercher à le corriger ? » nous glisse-t-elle dans un sourire. Un pressurage délicat, une vinification naturelle dans des cuves émaillées, suivie d’un élevage dans les mêmes cuves, jusqu’à la fin du printemps suivant, intégrant seulement deux soutirages : la « recette » a largement fait sa preuve… Ou plutôt le terroir, ce terroir orienté plein Sud qui donne au vin cet équilibre unique entre puissance et finesse.

Confortée dans ses choix par un autre ami de la famille, Anselme Selosse, qui n’a eu de cesse de l’inviter « à faire le vin qu’elle aime », Anne Vatan trace aujourd’hui son chemin, désormais seule depuis la disparition d’Edmond en janvier dernier. Bien sûr, elle peut toujours compter sur son mari pour l’épauler et affiner encore et encore cette quête d’une sorte de vérité originelle du vin de Chavignol. Pour celles ou ceux qui ne le sauraient pas, son époux n’est autre que Nady Foucault, autre grand nom du vin s’il en est, qui officia pendant plus de 40 ans, au côté de son frère, au mythique Clos Rougeard…

Dans notre vie d’amateur(s) de grands blancs, le Clos La Néore fait partie de ces vins qui ont marqué une étape fondamentale : il y eut pour nous un « avant » et un « après » La Néore. Par sa grâce intemporelle, sa puissance contenue, son intensité minérale, son souffle chlorophyllien et floral, il ne ressemble à aucun autre Sancerre. Quant à sa capacité de garde, elle est unique. Un souvenir encore ému nous revient en mémoire. Nous sommes en 2020 : profitant d’une douce matinée de juillet pour rendre visite à Anne et Nady à Chavignol, et découvrir en leur compagnie le magistral millésime 2016, l’idée nous vient de leur demander comment ils voyaient ce vin évoluer dans les années futures. Il ne leur a fallu qu’un regard aussi furtif que complice pour que Nady parte chercher une bouteille, sans étiquette bien sûr, mais probablement plus ancienne. Nous goûtons : l’énergie tellurique que le vin déploie nous laisse sans voix. Il se livre avec une fougue insolente, sorte de concentré de liqueur d’agrumes, de sel iodé, de verveine et de badiane, de gingembre et d’eucalyptus, de fruits frais juste cueillis, encore gorgés de toutes leurs vitamines… Quelle année ? Nous le situons peut-être à la fin des années 2000… C’est un Néore 1996 ! Incroyable.

A travers ces quelques lignes, nous espérons vous avoir donné quelques clés pour mieux comprendre pourquoi ce vin fait l’objet d’un véritable culte auprès des amateurs. Un chef d’œuvre pratiquement introuvable, proposé sur un millésime 2016 aussi rare qu'inextinguible.

Quantité limitée à 1 bouteille par foyer.

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  • Attention : chef d’œuvre. Plus qu’un vin, ce Clos La Néore, uniquement produit en magnum, est un monument du vignoble français, un vin de plénitude, un vin de sol, de fruit et d’énergie chlorophyllienne, un elixir de vie à la minéralité scintillante qui brillera sur les 15 ou 20 prochaines années comme aucun autre. Un monstre sacré...

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