Gouges : la magie du pinot noir devenu blanc !

fin de la vente : 23/04/2023

L’histoire du Domaine Henri Gouges est faite d’un équilibre subtil et parfaitement entretenu, génération après génération, entre permanence et tradition d’un côté, ouverture à son époque et vision d’avenir de l’autre. La permanence d’un vignoble de tout premier plan, bâti dès les années 1920 par un seul homme, opiniâtre et visionnaire, Henri Gouges : une quinzaine d’hectares sur le finage de Nuits-Saint-Georges, comportant une exceptionnelle collection de premiers crus, dont le fameux monopole familial Clos des Porrets Saint-Georges. Permanence aussi d’un précepte édicté par le père fondateur, que « c’est à la vigne que mûrissent les grands vins ». Permanence de quatre générations qui se succèdent depuis pour continuer à faire briller les vins de la famille au firmament des grands bourgognes de terroir, au potentiel de garde impressionnant.

Mais l’histoire de ce Domaine, c’est aussi celle d’un esprit visionnaire voire iconoclaste, souvent à l’avance sur son temps, et doté d’une force de conviction peu commune. C’est ainsi qu’Henri Gouges fût, en Bourgogne, l’un des pionniers d’une viticulture de terroir, dès les années 1920, à une époque où les négociants nuitons et beaunois font la loi, sans être très regardants sur l’origine des raisins qu’ils utilisent. Pionnier également dans la réalisation des élevages, de la mise en bouteille et de la commercialisation des vins directement au Domaine, au côté de quelques autres figures locales comme Rousseau, d’Angerville et René Engel. Tout naturellement, Henri Gouges sera par la suite le principal avocat du classement des crus nuitons lors de la reconnaissance des appellations d’origine en 1936.

Cette capacité à aller de l’avant, à innover, tout en s’inscrivant dans le respect le plus absolu des terroirs, semble bien s’être ici transmise de génération en génération. Pierre et Christian Gouges, petits-enfants d’Henri, furent ainsi parmi les premiers à prendre le virage d’une viticulture raisonnée, dès le début des années 1980, pratiquant alors l’enherbement partiel de leurs parcelles, ce qui ne manqua pas de faire jaser de nombreux voisins de vignes… Aujourd’hui, Grégory Gouges, désormais rejoint par son cousin Antoine, continue à faire bouger les lignes, par petites touches subtiles, conservant toujours à l’esprit les convictions essentielles du fondateur. Abandon définitif de tout intrant de synthèse dans les vignes depuis 2005, nouvelle cuverie gravitaire en 2007, mieux adaptée à la volonté de Grégory d’adoucir la vinification, pour réaliser des vins moins extraits et plus voluptueux… voilà pour l’innovation. Mais en parallèle, Antoine et Grégory ont choisi de continuer à vinifier dans les vieilles cuves en béton datant des années 1950… dans le respect raisonné de l’héritage de son arrière-grand-père !

C’est certainement avec l’histoire des blancs chez Gouges que cette parfaite imbrication entre innovation et tradition trouve sa plus étonnante illustration. Dans les années 1930, Henri Gouges inspecte ses vignes du Clos des Porrets lorsqu’il découvre, ô surprise, une grappe de raisins blancs sur un pied de pinot noir ! Une mutation vient de se produire, aussi étonnante que naturelle : ni chardonnay bien sûr, ni pinot blanc alsacien ou champenois, le « pinot Gouges » est né. Quand d’autres auraient juste laissé faire cette étrange « colonisation », ou, pire, arracher ces pieds « déviants », Henri, lui, décide d’explorer toutes les facettes de ce phénomène. Il développe ainsi des greffons qu’il complante d’abord au sein même du Clos des Porrets, pendant une dizaine d’années.

Puis il va jeter son dévolu sur une parcelle très calcaire, en contrebas d’une ancienne carrière, sur le Premier Cru La Perrière. Le fameux « pinot blanc » de La Perrière est ainsi né, en 1956. Un vin devenu, quelques décennies plus tard une cuvée emblématique du Domaine, absolument incontournable pour tous les amateurs d’une autre expression en blanc des grands terroirs calcaires de la Côte d’Or. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il plantera également, à la même période, quelques sélections massales de ce pinot « Gouges » sur un autre terroir très calcaire, Les Crots, surplombant le Château-Gris et les premiers crus des Crots et des Pruliers. De vieilles vignes qui donnent un Nuits Saint-Georges parcellaire blanc ultra-confidentiel, que nous avons le plaisir de vous proposer aujourd’hui en exclusivité !

Sur ce millésime 2021, le pinot blanc, au débourrement assez tardif, calé sur celui de son quasi-jumeau, le pinot noir, a finalement peu souffert de l’épisode de gel d’avril qui a fait tant de mal aux vignes de chardonnay, plus précoces. En revanche, le temps pluvieux et frais qui a prévalu pendant une bonne partie de l’été a exigé d’énormes travaux en vert, afin de lutter au mieux contre la pression des maladies cryptogamiques, mildiou, oïdium et même pourriture grise. Les rendements s’en sont ressentis, sur ces parcelles de vieilles vignes de pinot blanc qui ne sont jamais très productives. Ils se situent dans la fourchette basse des dernières années, plafonnant autour de 20 hectolitres par hectare, aussi bien sur La Perrière que sur Les Crots. Bonne nouvelle en revanche, les raisins, peu nombreux, étaient très concentrés, avec des maturités expressives, de la chair, mais aussi un supplément de fraîcheur et d’acidité qui peut parfois faire défaut sur des millésimes plus chauds. En un mot, de l’équilibre !

Après une vinification peu interventionniste (et même sans ajout de sulfite sur la cuvée Les Crots) et des élevages en fûts, précis et délicat, les vins se sont tranquillement affinés pendant une année supplémentaire en bouteille. Ils nous régalent aujourd’hui par leur profil à la fois charmeur et énergique. On retrouve cette chair savoureuse et texturée, ce beau volume de fruit typiques de ce singulier « pinot Gouges », mais aussi une fraîcheur citronnée, une énergie saline et épicée, une belle percussion minérale qui rendent les fins de bouche absolument irrésistibles. Que ce soit cet introuvable Nuits Saint-Georges blanc Les Crots, collector produit sur un seul fût que nous vous proposons en exclusivité, ou l’iconique Premier Cru La Perrière, les vins nous ont enchantés en 2021. En prime, Antoine et Grégory nous ont confiés quelques rarissimes magnums de Nuits-Saint Georges 1er Cru La Perrière sur l’excellent millésime 2019.  

C’est magique et c’est uniquement sur la Route des Blancs.

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