Nous sommes très heureux de faire étape aujourd'hui au cœur de Chassagne-Montrachet, chez Alex Moreau, nouveau nom d’un domaine iconique de la Côte d’Or, bien connu des amateurs, Bernard Moreau et Fils. Alexandre, fils aîné de Bernard, est aujourd’hui seul aux commandes de cette propriété emblématique depuis le départ vers d’autres horizons de son frère cadet, Benoît, en 2020.
Avec ce millésime 2022, son 24ème au Domaine, il nous montre toute l’étendue de son talent, sa maîtrise exceptionnelle et sa connaissance intime, presque charnelle, des terroirs familiaux. Les vins rayonnent d’un fruit généreux, succulent, animé d’une belle énergie acidulée, d’une tension et d’un dynamisme irrésistible que l’on n’attendait pas forcément sur ce millésime solaire et précoce. Seule ombre au tableau, la production redevient très confidentielle puisqu’après le partage des vignes entre les deux frères, et la fin d’importants contrats de fermage, Alex n’exploite plus que 5 hectares de vignes (contre près de 20 à la « grande époque »).
L’histoire de la famille Moreau à Chassagne-Montrachet ne date pas d’hier : on doit à l’aïeul Auguste Moreau d’avoir construit dès le début du 19ème siècle la cave du Domaine, juste en face du célèbre Premier Cru La Maltroie. Mais, c’est surtout le père de Bernard, Marcel, qui a patiemment constitué l’essentiel du patrimoine viticole de la famille : ce véritable visionnaire, n’a eu de cesse, à partir des années 1930, d’acquérir des parcelles sur les meilleurs terroirs de Chassagne, à une époque où celles-ci étaient encore majoritairement plantées en rouge et surtout, qu’elles ne fascinaient pas encore tout ce que la planète compte d’amateurs de grands blancs... et d'investisseurs fortunés !
Si le domaine s’installe dès les années 1970, sous l’égide de Bernard, parmi les adresses les plus sûres de la Côte de Beaune, il a connu, à partir du milieu des années 1990 et le retour des deux fils de Bernard, Alex et Benoît, un nouvel élan. Sous l’égide d’Alex, qui vinifie les vins du Domaine depuis le début des années 2000, la succession des derniers millésimes est impressionnante de régularité et a clairement hissé le Domaine tout en haut de la hiérarchie bourguignonne. Formés auprès de leur père mais aussi dans les vignobles du Nouveau-Monde (Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Australie), réputés pour la rigueur technique et la précision que l’on y apprend, Alex et Benoît ont formé, ces-dernières années un duo parfaitement complémentaire, le premier supervisant, à la cave, vinifications et élevages, tandis que le second pilotait avec la même exigence le colossal travail à la vigne.
Au fil des années, à force d’échanges, de rencontres, de dégustations, ils ont affiné le style des vins du Domaine, sans jamais renier le passé. Ici, on privilégie une approche organique à la vigne : depuis longtemps déjà, le labour et le griffage des sols sont généralisés, tandis que les intrants de synthèse y sont bannis. Une vision qui s’est également traduite par le recours à des préparations biodynamiques afin d’aider la vigne à capter toute l’énergie et l’identité profonde d’un environnement vivant. A la cave, les élevages ont été progressivement allongés, avec une utilisation très modérée du bois neuf (autour de 20% en moyenne) et un bâtonnage minimaliste. On fait avant tout confiance au raisin, à sa juste maturité, à ses équilibres naturels et à la force du terroir : on bâtit patiemment des vins pour la garde, des vins sereins, harmonieux et élégants, intenses et ciselés, à la minéralité subtile. Rien n’est surjoué, mais tout est parfaitement ajusté !
Aujourd’hui, Alex a pris seul les rênes du Domaine Familial, au côté de son épouse Martine, alors que Benoît a décidé de voler de ses propres ailes et de créer son propre domaine à partir du récent partage des vignes familiales. Alex Moreau exploite aujourd’hui seulement 5 hectares, sur les appellations Bourgogne, Chassagne-Montrachet, et quelques magnifiques premiers crus, dont les fameux Chenevottes, La Maltroie et Morgeot. Ce qui rend cette production ultra-confidentielle de plus en plus difficile à se procurer.
Venons-en un peu plus en détail sur ce rayonnant millésime 2022, une des plus belles réussites d’Alex sur les 10 dernières années. Après une année 2021 particulièrement difficile en Bourgogne, surtout pour les chardonnays, entre dégâts du gel et pression quasi-constante du mildiou, 2022 se présentait sous de bien meilleurs auspices et une météo plus clémente et ensoleillée.
Quelques températures négatives, début avril, ont donné quelques sueurs froides aux vignerons de Chassagne. Heureusement, un débourrement un peu plus tardif et le temps resté sec et venteux ont permis d’éviter tout dégât dans les vignes. Le mois de mai fut ensuite marqué par l’absence d’eau et des températures élevées, les plus chaudes depuis 50 ans. La pluie est revenue en juin, avec une succession d’averses orageuses qui ont permis de reconstituer des réserves hydriques, bien utiles pour affronter un été particulièrement chaud. Les pics caniculaires se sont succédé tout au long du mois de juillet. En août, quelques averses ont permis de relâcher un peu la pression sur certaines vignes qui commençaient à souffrir de la sécheresse.
L’organisation des vendanges et le choix des bonnes dates de cueillette constituaient cette année un vrai défi : fin août, les maturités phénoliques progressaient extrêmement vite. Alex a fait le choix d’entamer les vendanges dès le 25 août, soit le deuxième démarrage le plus précoce dans l’histoire du Domaine, après 2020 ! Les rendements étaient satisfaisants, les degrés d’alcool potentiels étaient juste parfaits, autour de 13°, l’état sanitaire des raisins était excellent, tout comme leurs qualités aromatiques. La vraie surprise, sur ce millésime chaud et sec, c’est la sensation de fraîcheur, d’énergie, de rebond acidulé qui animent des jus à la fois charmeurs et toniques. Une magnifique promesse pour de grands blancs concentrés, expressifs, nerveux et dynamiques.
Après un foulage rapide, les raisins sont pressés délicatement et les jus très légèrement débourbés avant d’être entonnés. Alexandre reste fidèle à une approche privilégiant des vinifications avec beaucoup de lies et des fermentations longues, gages, selon lui, d’un supplément de texture et de complexité de ses blancs. S’en suit un élevage d’une vingtaine de mois au total, peu interventionniste, d’abord en fûts, puis en cuves, sur lies fines, pour quelques mois supplémentaires, où chaque vin finit de trouver son parfait point d’équilibre.
Le résultat est magnifique aujourd’hui, Alex Moreau signant ici une de ses plus belles réussites des 10 dernières années. Vous aimerez la pureté et la fraîcheur du fruit, la finesse aromatique des nez, explorant un registre floral lumineux. Et vous adorerez les bouches juteuses, texturée et fuselées, à la fois savoureuses mais tendues par une empreinte minérale tonique, toujours à la relance. L’interprétation de chaque terroir atteint une redoutable précision. C’est un sans-faute !
Doublement étoilé par le Guide de la Revue du Vin de France, le Domaine Alex Moreau (anciennement Bernard Moreau et Fils) est décidément incontournable à Chassagne-Montrachet.
Attention, voici les toutes dernières bouteilles du millésime : à bon entendeur…
Issu d’une vieille vigne des Fairendes, au bas des Grandes Ruchottes, ce Morgeot subtil offre un équilibre somptueux entre la fraîcheur des calcaires aux accents iodés, l’éclat de la poire Nashi, de la pomme et des fruits à noyau, et une énergie citronnée. Sa trame épicée relevée de citron vert donne à la bouche son relief et son rebond. Grand...
Gourmand et raffiné, ce Chenevottes imprégné de sol et du millésime nous régale. On aime la finesse de contours d’une matière mûre, fuselée, évoquant poire et fruits à noyau, mais aussi sa dimension florale aérienne, et l’énergie acidulée des agrumes, entre citron et pamplemousse. Un vin d’une classe folle, à la minéralité cristalline.
Ce cru naturellement riche révèle une superbe fraîcheur sur le zeste de citron, la pomme Granny, la menthe, le cerfeuil et le caillou mouillé. Elle s’équilibre avec la douceur de la pêche, du jasmin et des viennoiseries. Sa chair fuselée, soyeuse, est portée par l’énergie du gingembre, de la marmelade et du quinquina. Superbe.
Ce Bourgogne puissant et profond, issu du finage de Chassagne-Montrachet, reflète la générosité savoureuse du millésime 2022. Belle maturité expressive du fruit, bouche dense, juteuse, finale empyreumatique et poivrée : c’est un régal, parfait pour la table, autour d’un boudin blanc, d’une andouillette purée, d’un Mont d’Or au four.
Gourmand et raffiné, ce Chenevottes imprégné de sol et du millésime nous régale. On aime la finesse de contours d’une matière mûre, fuselée, évoquant poire et fruits à noyau, mais aussi sa dimension florale aérienne, et l’énergie acidulée des agrumes, entre citron et pamplemousse. Un vin d’une classe folle, à la minéralité cristalline.
Sur ce cru naturellement sensuel, Alex révèle une superbe sensation de fraîcheur aux accents de carambole et citron, de pomme Granny, de feuille de menthe et de caillou mouillé : elle s’équilibre avec des notes suaves de jasmin, de miel, de beurre, de coulis de pêche ou de mirabelle et de poire Williams. Charnu, tonique et long : un modèle
Intense et frais, il nous plonge dans un élégant univers floral entre fleur d’oranger, œillet blanc, acacia et fleurs du verger, aux contours citronnés vivifiants. Il n’oublie jamais d’être gourmand, généreux, déployant ses saveurs de fruits blancs frais, d’ananas, d’agrumes doux et de biscuit. Un régal, au potentiel de garde évident. Incontournable.
Concentré et jaillissant, ce Bourgogne déploie un nez intense, d’une rare complexité. On voyage entre jasmin, eleagnus et blé mûr, coriandre, eucalyptus et livèche, zeste de citron vert et pêche de vigne, pomme Granny et jus de poire, ananas et goyave. Très dense et imprégné d’une empreinte saline et empyreumatique, il brillera sur des crustacés.