Jean-Marc Vincent : tout ce que l'on aime de la Bourgogne

fin de la vente : 31/12/2023

Ne boudons pas notre plaisir de faire étape aujourd’hui dans une de ces adresses dont la Bourgogne a encore le secret, un dédale de caves anciennes, remontant au 14ème siècle, au cœur d’un village un peu oublié de la fameuse Côte de Beaune. Une adresse aussi discrète que prisée des amateurs les plus exigeants : bienvenue à Santenay, chez Anne-Marie et Jean-Marc Vincent !

A la pointe méridionale de la Côte de Beaune, le vignoble de Santenay fut trop longtemps négligé par les amateurs d’étiquettes bourguignonnes, encore trop souvent persuadés que le monde s’arrête aux limites de Chassagne-Montrachet… Pourtant, Santenay fut jadis l’un des villages les plus réputés de la Côte (et pas seulement pour ses eaux thermales), comme en attestent les nombreuses et imposantes bâtisses de pierre et leurs innombrables caves voûtées, témoins solides d’un passé glorieux. Il suffit de se replonger dans la somme de référence signée Jules Lavalle pour constater qu’au 19ème siècle, de nombreux terroirs de Santenay sont déjà distingués pour produire des cuvées « Hors Ligne » (comme Les Gravières par exemple) ou des « Premières cuvées » (comme Beaurepaire). Une reconnaissance qui en fait les alter ego des plus prestigieux premiers et grands crus actuels de Chassagne ou Puligny ! C’est aussi à Santenay que l’un des plus grands mythes de la Bourgogne s’est en partie construit : les vins de la Romanée-Conti y étaient élevés, à l’époque des Duvault-Blochet…

Vous l’aurez compris, ici, la vigne est une vieille histoire, même si au cours du 20ème siècle, d’autres communes furent préférées par le négoce beaunois, détournant un peu les projecteurs de ce magnifique vignoble. Aujourd’hui, une poignée de vignerons inspirés redonnent à Santenay tout son lustre et démontrent, s’il en était besoin, que ces coteaux pentus du Sud de la Côte de Beaune sont capables de donner des vins remarquables de profondeur, de justesse et de complexité, dans les deux couleurs qui plus est ! Jean-Marie Vincent est, de toute évidence, le plus doué d’entre eux.

Fils d’ingénieur textile, ayant grandi en ville, Jean-Marc ne se destinait pas à embrasser une carrière de vigneron. Pourtant, il suffit de discuter un peu avec lui pour se rendre compte que le « virus » lui a été inoculé très tôt. Lorsqu’il évoque le souvenir des vacances passées, enfant, au côté de son grand-père maternel, lui-même vigneron à Santenay, ses yeux brillent. On l’écoute nous raconter les soutirages de barriques et les souvenirs de dégustations de vieux millésimes :  on vit littéralement la scène avec lui, tant ici, passé et présent ne font qu’un. 1929, 1945, 1959 : ses premières émotions œnophiles habitent encore l’imaginaire de Jean-Marc et l’inspirent au quotidien.

Ce n’est qu’en 1996 que Jean-Marc, diplôme d’œnologue en poche, se décide à reprendre le petit vignoble familial de 3.5 hectares. Entre temps, il a rencontré sur les bancs de la « viti-oeno » beaunoise celle qui deviendra sa femme, Anne-Marie. Au décès du grand-père de Jean-Marc, ces deux-là ne se résolvent pas à voir ce patrimoine chargé de souvenirs être vendu. Pourtant, placé en fermage depuis 1970, le vignoble familial est vieillissant et compte près d’un tiers de pieds manquants. Peu leur importe : l’appel de la vigne est le plus fort !

Notre duo saute le pas et va s’atteler, avec constance et précision, à relever le défi et à restructurer profondément le vignoble, tant dans la conduite de la vigne, les méthodes culturales, que dans l’amélioration et le renouvellement du matériel végétal. Une restructuration guidée à la fois par l’observation minutieuse de la plante et de la vie qui l’entoure mais aussi par des rencontres décisives qui vont permettre à Jean-Marc, véritable tête chercheuse à la curiosité insatiable, d’affiner son propos, de préciser sa quête du beau et du bon. On citera celle avec Olivier Lamy, vigneron emblématique de Saint-Aubin, qui expérimente, au début des années 2000 les désormais fameuses plantations à haute (voire très haute) densité. Convaincu du bien-fondé de la démarche, Jean-Marc va rapidement expérimenter cette pratique, au mitan des années 2000, avant de la généraliser en 2015. Empirique dans sa démarche, il constate que le système racinaire de la vigne explore ainsi le sol beaucoup plus en profondeur, trouvant ainsi les moyens de mieux résister aux aléas climatiques (à la sécheresse en particulier) et surtout d’imprégner son fruit de l’identité réelle de chaque terroir, de chaque lieu. Les résultats ne se font pas attendre très longtemps. « Une vigne de 7 ou 8 ans offre ainsi une qualité de fruit d’une vigne de 30 ou 40 ans, plantée normalement » nous confie Jean-Marc.

Autres échanges fructueux, ceux qu’il a eus avec Bruno Lorenzon, précurseur des palissages hauts et avec Thomas Bouley, adepte de la limitation des rognages. Des pratiques que Jean-Marc adopte rapidement pour leurs bienfaits : elles contribuent à donner des grappes plus aérées, qui mûrissent plus régulièrement. En outre, la hauteur de feuillage ombre le sol et les grappes au cours d’étés de plus en plus chauds. La plante concentre ainsi ses efforts vers les fruits (et non la repousse des entrecoeurs ou de nouvelles branches). Un rapide tour dans le vignoble de Santenay vous permet de reconnaître facilement les vignes de Jean-Marc, dont les méthodes culturales restent une exception, même si on les retrouve aujourd’hui dans quelques adresses prestigieuses des Côtes de Beaune et de Nuits.

S’il ne revendique aucun label, toute son action est guidée par le respect du vivant, avec un soin tout particulier porté sur les équilibres des sols : labourés juste une fois, tôt dans la saison, ils restent ensuite naturellement enherbés pendant la majeure partie du temps. Ici, point de lourd enjambeur, mais des chenillards et surtout, beaucoup de travail à la main, afin d’éviter le tassement des sols. Inspiré par les travaux du pédologue Yves Hérody, Jean-Marc se contente d’un apport annuel d’amendement organique, à l’automne.

A la cave, son action est guidée par un principe simple qu’il résume ainsi : comment préserver au maximum tout le travail fait à la vigne pour obtenir le meilleur fruit ? Vous l’aurez compris, ici, point d’artifice oenologique, rien qui pourrait altérer la pureté originelle du jus. Une seule obsession : restituer au plus juste le goût du fruit et du lieu qui l’a vu naître. Jean-Marc a ainsi bénéficié des travaux des meilleurs chercheurs pour ses sélections de levures indigènes et les processus de fermentation.

A la recherche du goût vrai, il a aussi supprimé, depuis plusieurs années déjà, l’ajout de soufre pendant la phase de vinification. Les sulfites sont intégrés très parcimonieusement, juste à la mise en bouteille. Pour ses élevages, il privilégie aujourd’hui de grandes barriques de 500 litres. Et, progressivement, il souhaite aller vers des fûts de 600 litres, conçus avec des douelles un peu plus épaisses. Il a allongé ses élevages, sur 18 mois, après avoir constaté qu’avec un raisin bien mûr et concentré, le vin gagne à être oxygéné longtemps, mais à très faible intensité.

Vous l’aurez compris : ici, il n’y a pas de place pour le hasard. Du travail, de la précision et un engagement total au service de la vigne et du vin. Voilà le credo d’Anne-Marie et Jean-Marc. Alors qu’il est aujourd’hui considéré comme un des meilleurs vignerons de la Bourgogne (ce n’est pas nous qui l’affirmons mais la Revue du Vin de France ou le Wine Advocate), Jean-Marc n’a rien perdu de sa simplicité, de sa capacité à se remettre en cause et à s’émouvoir aussi. Car, au-delà de la précision d’exécution et de la maîtrise, acquises au fil des années, c’est bien d’émotion et de sensibilité dont on a envie de parler quand on goûte les vins de Jean-Marc Vincent. Santenay ou Auxey-Duresses, ils font parler le terroir avec une justesse d’interprétation admirable. Profonds, charnus et vibrants, toujours très expressifs, ses blancs se hissent aujourd’hui au sommet de la production bourguignonne, rivalisant avec les crus les plus prestigieux de Chassagne, Puligny ou Meursault. Une mention toute particulière pour la nouvelle cuvée « Soleral », une solera d’aligoté débutée en 2018, incroyable de complexité, d’équilibre et de profondeur de bouche. On adore !

C’est rare, c’est majeur et c’est sur la Route des Blancs.

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  • Cette superbe cuvée offre une lecture complète et expressive de ce cru surplombant le village de Santenay, où se mêlent argilo-calcaires et terres blanches sur les hauteurs. Un vin sensuel et profond, toujours souple et en mouvement, qui nous hisse très haut dans la hiérarchie bourguignonne. Bravo.

    expert
    Note moyenne des guides
    94/100
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    Épuisé
    Bon d’achat Fidélité : 2 %
  • Ce parcellaire, issu d’une vigne de 85 ans, possède une ampleur et une densité stupéfiantes. La texture charnue et savoureuse est magnifiée par un élégant boisé. La profondeur du vin s’appuie sur une trame pierreuse et saline, qui l'étire. Etoile brillante d’Auxey, il tutoie les meilleurs Meursaults ! Chapeau bas.

    expert
    Note moyenne des guides
    93/100
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    Bon d’achat Fidélité : 2 %
  • Pour ce vin à la texture fuselée et la profondeur de saveurs peu commune, Jean-Marc s’est inspiré des choix de plantation à haute densité de son ami Olivier Lamy à Saint-Aubin. On aime ce vin dense et concentré, toujours élégant, d’une précision remarquable. Charmeur et tendu : il surclasse son appellation.

    expert
    Note moyenne des guides
    93/100
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    Bon d’achat Fidélité : 2 %
  • Un singulier bijou qui replace l’aligoté comme un redoutable rival des plus belles expressions du chardonnay bourguignon. Complexité aromatique, superbe équilibre entre maturité et fraîcheur, sensualité et profondeur de bouche, persistance et sapidité : cette Solera démarrée en 2018 possède tout ce dont on peut rêver ! Unique.

    expert
    Note moyenne des guides
    93/100
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    Bon d’achat Fidélité : 2 %