AOC Jurançon

Selon la légende, le futur roi Henri  IV aurait eu, lors de son baptême, les lèvres humectées de jurançon. De quoi faire passer à la postérité pour plusieurs siècles ce vin élaboré à partir de cépages locaux ! Sa célébrité témoigne des qualités gustatives et gastronomiques de ce nectar qui s’est imposé comme l’un des incontournables liquoreux français.

Étendue sur 1 000 hectares au sud-ouest de Pau, la zone d’appellation est située sur des coteaux très pentus qui impliquent bien souvent une exploitation en terrasses voire en amphithéâtre. Elle produit exclusivement des vins blancs, majoritairement demi-secs ou moelleux.

Le climat allie la rigueur montagnarde (risques de gelées printanières) à la douceur et l’humidité océaniques. Le Béarn dispose d’une spécificité fondamentale pour les liquoreux : un bel été indien marqué par un vent du sud asséchant et réchauffant provoqué par l’effet de fœhn pyrénéen. Les conditions sont donc idéales pour un passerillage naturel, mais aussi la possibilité de réaliser des vendanges tardives en sélectionnant les raisins botrytisés (pratique reconnue depuis 1996 pour l’élaboration des vins liquoreux).

Sur un substrat aux qualités reconnues – sols argilo-calcaires riches en minéraux alternant avec des sols caillouteux bien drainants –, ce sont les cépages autochtones qui se sont imposés, à commencer par les gros manseng et petit manseng, ce dernier étant reconnu pour sa capacité à concentrer les sucres. Le courbu entre également dans la composition du jurançon. Pour produire les vins moelleux qui font la renommée de cette AOC, les raisins sont récoltés manuellement par tries successives de grains surmûris voire botrytisés – pour les liquoreux, les derniers grains sont parfois récoltés aux portes de l’hiver !

Les jurançons moelleux dévoilent un nez très expressif de fruits confits, de fruits exotiques (comme la mangue) mais aussi d’épices douces. La bouche est ample, profonde et la finale puissante et longue, marquée par le fruit. Les vins supportent une garde de 5 à 10 ans, voire davantage.

Les liquoreux (plus de 45 grammes de sucres résiduels par litre) issus des vendanges les plus tardives disposent pour leur part d’une belle robe dorée et laissent apparaître de subtiles notes de miel, de fruits confits ou de fruits exotiques dans lesquelles se fondent les notes d’élevage (vanille, amande). Ce sont des vins de très grande garde, à la matière profonde.

Souvent apprécié en apéritif ou pour accompagner l’un des fleurons de la gastronomie du Sud-Ouest, le foie gras, le jurançon moelleux peut également accompagner poissons ou viandes blanches en sauce, comme une blanquette de veau. On les retrouve également volontiers au moment du fromage, par exemple avec un bon roquefort.

Les jurançons secs sont pour leur part marqués par un nez d’une forte intensité aromatique avec des notes florales mais aussi d’agrumes et d’épices. Ils sont intenses et équilibrés, dotés d’une belle vivacité en bouche.

Les blancs secs peuvent être servis en compagnie d’un saumon, mais ils se marient tout aussi bien avec une truite de montagne ou des coquilles Saint-Jacques, tout comme avec de la charcuterie, une salade piémontaise ou un fromage de chèvre.

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