Clos Joliette

Ce n’est pas un vin que nous avons l’honneur de vous proposer aujourd’hui, mais une véritable légende : l’ultra-confidentiel et vénéré Clos Joliette, le mythe absolu des blancs du Sud-Ouest. Celui que Jean-Claude Berrouet, fameux œnologue de Petrus, qualifiait de « quintessence d’un terroir exceptionnel ». Celui que Bertrand de Lur Saluces voyait en son temps comme le seul vin (dans sa version moelleuse) « à la hauteur de son Château d’Yquem » ! Celui que Mathieu Cosse, vigneron talentueux et dégustateur hors-pair n’hésite pas à comparer aux rieslings surmûris du grand Egon Müller. Ou que Pierre Citerne, bien connu des lecteurs de la Revue du Vin de France, qualifie de « plus grand vin du Sud-Ouest »… Nous arrêterons là les éloges mais vous l’aurez compris : celles et ceux qui ont eu la chance d’y goûter au moins une fois, amateurs anonymes ou grandes « pointures » du vin, en gardent un souvenir ému et indélébile.


A l’origine du mythe, il n’y a pourtant qu’un vignoble « de poche » : à peine 1.8 hectares occupant les pentes d’un petit amphithéâtre naturel, niché au pied des Pyrénées. Nous sommes à Jurançon, au lieu-dit Chapelle de Rousse, à 300 mètres d’altitude environ. C’est ici que l’histoire a débuté, en 1929, date de plantation des vignes de petit manseng en franc de pied. Moment magique où le cépage phare du vignoble pyrénéen trouve sa terre promise, son environnement rêvé. Les sols de poudingues à galets, roulés jadis par les glaciers puis les torrents, filtrent les eaux de pluie, drainent les pieds et restituent à la plante les chaleurs diurnes. Ici, silices, calcaires, argiles se mêlent, tandis qu’une rare veine ferreuse traverse le sous-sol. Cette incroyable complexité géo-pédologique contribue bien sûr à l’identité absolument unique du Clos Joliette. Mais ce n’est pas tout : le ruisseau qui coule au bas du coteau apporte une humidité salvatrice, la parfaite orientation au Sud et au Sud-Est garantit ensoleillement et températures idéales, le Balaguère, ce vent chaud venu d’Afrique, s’engouffre régulièrement dans la vallée, stimulant la maturité des baies (c’est le fameux effet de Foehn), tandis qu’en face, la colline boisée protège la vigne des plus fortes intempéries venues du Nord…


La première à avoir su tirer le meilleur de ce véritable paradis du petit manseng fut Jeanne Migné, grande figure du vignoble français, qui, dans la discrétion d’une cave humide au sol de terre battue et aux murs de galets couverts de mycelium, a conçu, ou plutôt accompagné, ce vin d’éternité. Car ici, ce n’est pas le génie de l’homme qui doit s’exprimer mais bien celui de Dame Nature. Alors, année après année, décennie après décennie, les vignerons qui se sont succédés au Clos Joliette n’ont eu de cesse de perpétuer les mêmes gestes, souvent les plus simples, loin de toute technologie ou autre innovation œnologique. Travailler régulièrement les sols, tailler et palisser haut, et surtout prendre le temps de laisser mûrir jusqu’au passerillage naturel des baies sur pied, puis récolter patiemment, grain par grain, jusqu’aux premiers frimats de l’hiver. Presser délicatement cette microscopique récolte (ici, les rendements n’ont jamais dépassé 10 hectolitres l’hectare !) dans le fouloir cannelé en buis, puis entonner ce jus divin dans de vieux fûts de chêne (dont la plupart proviennent du Château d’Yquem)… Laisser la fermentation s’opérer, sans jamais intervenir, même si cela prend 8 ou 10 mois. Et après, observer et écouter le vin vieillir, tranquillement, dans ces barriques, pendant plusieurs années… Les mêmes gestes simples, à la vigne comme en cave, répétés à l’infini. C’est aussi cela le secret de Joliette.


Une tradition unique perpétuée, après la disparition de Mme Migné, par Michel Renaud, caviste parisien qui fit l’acquisition en 1989 de ce petit coin de paradis après en être tombé amoureux. Une histoire qui prit fin en 2015, à son décès. C’est alors que la famille Renaud, consciente du trésor dont elle venait d’hériter, se rapprocha d’un groupe de vignerons d’élite, à la hauteur de la légende, et amoureux des vins du Sud-Ouest, au premier rang desquels figure bien sûr le voisin de vigne de Joliette, Jean-Marc Grussaute, du Camin Larredya. En même temps que Jean-Marc et ses amis du groupement A Bisto de Nas se virent confier le travail des vignes et le soin de vinifier les millésimes 2016 et 2017 de Joliette, ils eurent aussi l’opportunité d’acquérir de vieux millésimes du précieux nectar. Le choix de cet aréopage de haut vol (Mathieu Cosse, Bernard Plageoles, Jean-Mary Le Bihan entre autres, pour A Bisto de Nas, mais aussi d'autres vignerons amis comme Elian Da Ros ou Michel Riouspeyrous, … excusez du peu !) s’est porté sur les années 2010, 2012 et 2013. Parmi l’incroyable collection proposée par la famille Renaud, ces trois millésimes leur ont paru les plus dignes d’incarner le mythe !


Tout à leur quête d’excellence, nos vignerons ont décidé, après près de 8 années d’élevage, de mettre en bouteille deux demi-muids du fameux nectar sur le superbe millésime 2010, soit 820 bouteilles seulement ! Nous sommes heureux de vous faire participer à la renaissance de cette légende en vous proposant en avant-première ce pur joyau. Un vin immense, au profil demi-sec, qui ne tardera pas à devenir absolument introuvable, tant le Clos Joliette fait l’objet d’un véritable culte de la part d’amateurs avertis et autres collectionneurs ! Une occasion qui ne se présentera pas deux fois…

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