Domaine Vincent Dauvissat

Ce qui surprend certainement le plus le visiteur qui se retrouve pour la première fois au Domaine Vincent Dauvissat, c’est la simplicité de cette ancienne maison de village, ressemblant à une modeste ferme de l’Yonne, avec sa cour pavée et son matériel agricole. C’est pourtant bien ici que s’écrit depuis des décennies la légende des grands vins de Chablis. On le comprend mieux, dès qu’on pénètre dans le dédale de caves souterraines voutées, dont certaines datent du 17ème siècle, alors que d’autres ont été creusées par Vincent lui-même, qui s’étendent jusqu’aux maisons voisines. Ici, dans des fûts anciens et surtout des « feuillettes », ces petits contenants de 132 litres, chers à Vincent Dauvissat pour la qualité des échanges qu’ils permettent entre le vin et son environnement, reposent ces blancs qui font l’admiration de tout ce que la planète compte d’amateurs de très grands bourgognes.


Le Domaine viticole existe en tant que tel depuis 1931, date à laquelle Robert, le grand-père de Vincent, décide de mettre son vin en bouteille… et son nom sur l’étiquette. L’attachement viscéral des Dauvissat aux terroirs chablisiens ne s’est, depuis, jamais démenti. Ce fut d’abord René qui, dans les années 1950, refusa de succomber aux sirènes des cultures supposées « plus faciles » et « moins risquées » que la vigne ainsi qu’à celles d’une approche supposée « moderne » de la viticulture, conduisant à inonder les sols de produits phyto-sanitaires finalement néfastes à la vie et à l’identité du terroir.


Alors que rien ne le prédestinait à reprendre le flambeau, Vincent, le fils cadet de René, qui rêvait plutôt  d’une vie pastorale dans le massif alpin, revint travailler au Domaine pour finalement en prendre les rênes dès 1989. Fidèle à l’esprit de ses aînés, Vincent va alors consacrer sa vie à chercher le meilleur point d’harmonie entre la plante et son environnement. Observateur patient et minutieux, infatigable expérimentateur, Vincent reste empreint de cette saine humilité que l’on aime chez les « très grands vignerons », ceux qui ne revendiquent rien d’autre que le droit de s’exprimer et de faire parler les terroirs dans leur vin.


Ici, point de course au label, mais une pratique parfaitement maîtrisée des principes de la bio-dynamie. Les Dauvissat – Vincent est aujourd’hui largement secondé par ses enfants Gislain et Etiennette – sont simplement fidèles à une tradition d’exigence, du travail bien fait et surtout bien compris, et de recherche d’un équilibre subtil entre le produit de la nature et la main du vigneron. Nous ne nous aventurerons pas à tenter de décortiquer leur approche de la vinification et de l’élevage : à ce niveau-là d’excellence, ce serait rompre un peu la magie qui se dégage de chacune des cuvées du Domaine.


Touché depuis 3 années consécutives par la grêle, qui a conduit à d’importants déficits de récolte, le Domaine (qui compte moins de 15 hectares) ne peut malheureusement pas répondre à une demande exponentielle, émanant du monde entier, où les fans de ses Chablis se comptent par milliers… En attendant des jours meilleurs, Vincent Dauvissat nous a néanmoins fait l’immense plaisir de nous réserver quelques bouteilles de son Chablis 2010 et son 1er Cru La Forest 2009, que l’on peut commencer à déguster : c’est exceptionnel, rarissime et c’est sur La Route des Blancs.

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