AOC Condrieu

Ce vignoble de la rive droite constitue aujourd’hui une référence mondiale pour ses vins blancs exclusivement issus du cépage autochtone viognier. Il a été reconnu en AOC en 1940. La vigne est présente sur ces terres depuis l’Antiquité grecque puis romaine. Malgré le prestige des vins de Condrieu au Moyen Âge, en particulier sous l’égide des papes d’Avignon, le vignoble faillit pourtant disparaître au début du XXe siècle, à la suite de la crise phylloxérique, de la guerre de 14-18 et de l’industrialisation massive de la région dans l’après-guerre.

Il faut attendre les années 1980 pour qu’une poignée de vignerons passionnés par le viognier, dont le célèbre Georges Vernay, fassent renaître ce magnifique vignoble. Il s’étend aujourd’hui sur 120 hectares, au carrefour des départements de la Loire, du Rhône et de l’Ardèche.

La vigne, majoritairement exposée au sud-est, occupe de fines bandes en terrasse, soutenues par des chayées, dont les sols peu épais sont composés de roches primaires décomposées (granit, mica et schiste) qui emmagasinent la chaleur en été, mêlées à l’argile qui retient l’eau dont la vigne a besoin.

Ces vignes très délicates à exploiter sont l’apanage du viognier, seul cépage autorisé dans l’appellation, qui donne au vin son onctuosité et sa générosité aromatique si caractéristique. Les rendements sont ici très faibles, de moins de 30 hectolitres par hectare.

Les condrieux présentent une robe or pâle, aux reflets verts, qui tend avec l’âge vers un doré plus franc. Ils sont très parfumés, évoquant des notes de violette, d’abricot et de pêche, de fruits exotiques comme la mangue ou l’ananas. Avec les années, le bouquet évolue vers des notes plus épicées, de musc, de pain d’épices ou de feuille de tabac. En bouche, le vin est à la fois gras, opulent et parfaitement équilibré par une fraîcheur minérale. Souvent dégusté jeune, le condrieu peut se conserver en cave 5 à 10 ans, surtout s’il a fait l’objet d’un long élevage en fût.

L’appellation produit les meilleures années une perle rare : le condrieu moelleux. Sensible au botrytis, le viognier peut en effet être récolté tardivement, jusqu’à début novembre. Il est alors cueilli manuellement, par tries successives des grains atteints par la pourriture noble. Le résultat impressionne par ses notes superbes de fruits confits, de cire, de miel et d’épices douces, d’abricot et de coing. Commercialisés en bouteille de 50 centilitres, les vins moelleux de Condrieu sont malheureusement très rares, avec quelques centaines de bouteilles produites les bonnes années ! Ils ont un potentiel de garde inestimable…

Grand vin de gastronomie, le condrieu s’accorde parfaitement avec poissons nobles (turbot, lotte, sole), crustacés (homard, langoustine) et coquillages (noix de saint-jacques, moules). Sa force aromatique convient à des préparations épicées, de poissons ou de viandes blanches en tajine au safran ou au curry, et à des plats de légumes méditerranéens (poivrons, aubergine…) ou des sauces aux champignons (morille, truffe). Sans oublier le foie gras, en terrine ou poêlé.

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