L'histoire d'un retour aux origines
Au début des années 1940, le lieutenant Mieczyslaw Mikuslki quitte la Pologne pour rejoindre Londres et y poursuivre la lutte face à l’envahisseur nazi. Il y rencontrera sa future femme, Thérèse Boillot, Bourguignonne d’origine.
Après la guerre, le couple s’installe à Bruxelles, où naît François, un 25 juillet 1963. Le frère de Thérèse, Pierre, est à cette époque un vigneron respecté de Meursault. De visites en vendanges, l’aiguillon de la vigne et du vin finit par piquer le jeune François et l’apprentissage commence avec cet oncle compétent.
De son côté, la future Madame Mikulski, Marie Pierre est fille de vigneron : son père est François Germain, propriétaire du Château de Chorey-Les-Beaune, dont les Beaune premier crus, Cras, Vignes Franches et Teurons, sont réputés et servis sur les meilleures tables.
Ce qui devait arriver arriva : Marie Pierre et François se marient en 1988 et créent ensemble le Domaine François Mikulski dès 1991 !
En 1992, grand millésime pour les blancs de Bourgogne, l’heure de leur première récolte a sonné. La compétence de François est déjà là : ce premier millésime est une réussite. Le facteur chance joue également en leur faveur, car, en 1992, il y a aussi la quantité, indispensable quand on démarre et qu’on n’a pas un fifrelin à la banque. C’est parti pour les Mikulski !
Des débuts parfois compliqués…mais toujours des choix judicieux
Les trois millésimes suivants vont compliquer les choses. Les blancs de 1993 n’ont pas bonne presse, les rouges, austères au départ, ne seront compris que bien plus tard.
En 1994, à la fin du mois d’août, les vignes de la Côte d’Or sont envahies par le mildiou. En quelques jours seulement, la récolte de ce millésime, qui faisait figure de candidat au Panthéon Bourguignon, est largement amputée. Les vignerons de Meursault passent brutalement du rêve au cauchemar.
Pourtant, malgré la difficulté, François réussit des vins qui se tiennent, on commence à entendre parler du Domaine. L’année suivante, un gel de printemps, suivi d’un important millerandage, divise la récolte par deux dès le mois de juin. Là encore, dans des conditions difficiles, le jeune et talentueux vigneron réussit à hisser ses meursaults 1995 en haut de l’affiche : les importateurs goûtent, sont séduits et commencent à acheter les vins. A travers ces années compliquées, François Mikulski a gagné ses galons de très bon vigneron !
Un Meursault Village emblématique de l’appellation
Le Domaine exploite environ deux hectares en appellation Meursault, avec des parcelles dans les climats du Limozin, du Moulin Landin, des Meix Chavaux, des Pelles Dessus et dans les Chaumes de Narvaux.
Le Limozin est une parcelle plutôt chaude, placée contre les Genevrières Dessous, le Meix Chavaux une parcelle plutôt froide, sur le coteau exposé à l’est : quand le millésime le permet, ces deux climats sont mis en bouteille séparément.
Cependant, si le Meursault village l’exige, François Mikuslki y mettra aussi bien son Meix Chavaux que son Limozin et s’il faut encore aller plus loin pour satisfaire sa clientèle, il y mettra du premier cru. Ici tout est mis en oeuvre pour que le Meursault village, véritable porte étendard du Domaine, soit placé au plus haut compte tenu des caractéristiques du millésime.
Les Mikulski sont décidément guidés par une philosophie de respect des autres autant que de soi-même, une philosophie qui coûte parfois, mais qui renforce crédibilité et confiance.
Le Bourgogne blanc se trouve au nord du village, vers la zone du Clos de la Barre, dans la parcelle des Herbeux. Deux parcelles d’aligoté plantées en 1929 et en 1947 (vous avez dit vieilles vignes?), produisent un vin qui étonne chaque année par sa dimension et une faculté impressionnante de développement au vieillissement. Marie Pierre, interrogée par on ne sait quel improbable scénario sur sa recette de son jambon persillé à l’aligoté (excellent) par des journalistes du luxueux magazine japonais Wine Art, n’aurait jamais pu imaginer créer un tel buzz avec ce vin au pays du soleil levant.
Quatre premiers crus, droits et précis, toujours taillés pour la garde
Il y a quatre premiers crus proposés chaque année, les Genevrières (Dessus), les Charmes, le Poruzot et les Goutte d’Or. Il arrive, lorsque le millésime le permet, qu’une cuvée de Meursault Charmes vieilles vignes soit mise en bouteille séparément. Là encore, comme pour l’aligoté, on peut parler de vraies vieilles vignes, la parcelle de Charmes en question ayant fêté ses cent ans avec le millésime 2013 !
A propos de vieilles vignes, toujours animés par un esprit de transparence et de sincèrité et fatigués de voir des étiquettes de viticulteurs affublées d’un logo vieilles vignes trop souvent abusif, Marie Pierre et François ont trouvé la solution pour mettre tout le monde d’accord : inscrire l’année de plantation sur l’étiquette.
Les blancs sont triés à la vigne puis triés de nouveau en cuverie, entièrement égrappés, il s’en suit un pressage assez doux, les jus sont alors méticuleusement débourbés avant que ne démarre une fermentation d’une quinzaine de jours en cuve.
Vient ensuite le transfert dans les fûts, avec un pourcentage de barriques neuves rarement supérieur à 20%, et l’élevage pour une période de 16 à 18 mois. L’usage de fûts neufs est volontairement limité de manière à ce que les attributs des vins ne puissent jamais être masqués par le bois.
Les vins du Domaine, blancs comme rouges, sont toujours des vins de garde. Si les vins du millésime 2008 ont pu donner du plaisir un peu plus rapidement qu’à l’accoutumée, ils ont cependant continuer à grandir en cave. Les 2007 commencent à peine à s’ouvrir, les 2004 sont en pleine forme, tout comme les 2001.
Si vous ne connaissez pas les vins du Domaine, de manière à réussir votre première rencontre avec eux, nous vous conseillons un carafage systématique d’une heure pour les appellations génériques et les villages, et de deux heures pour tous les premiers crus de moins de cinq ans d’âge. Dans le cadre du millésime 2013, froid mais dense, le carafage est tout simplement obligatoire. Si vous avez la chance de tomber sur des bouteilles plus anciennes, notre recommandation sera de pratiquer des ouvertures très longues plutôt qu’un passage immédiat en carafe.
Marie Pierre et François aiment manger et aiment boire, ils aiment sortir et tout autant recevoir. Ils n’ont jamais succombé à aucune mode, ce sont deux personnes aussi modernes que classiques. Aujourd’hui, le classicisme redevient le dernier cri, la boucle est bouclée : les Mikulski n’ont jamais été autant à la mode.
Le saviez vous ?
La mairie de Meursault, propriétaire de terrains communaux en friche sur les hauts de coteau, a décidé à la fin des années 1990 de mettre en location 11 hectares de terrain à planter, à 39 jeunes vignerons dont les noms ont été tirés au sort avec pour seule condition celle d’avoir moins de quarante ans.
Les vignes ont été attribuées aux seuls vignerons domiciliés à Meursault, il y a, en effet, une partie substantielle du finage qui appartient à des vignerons dont l’exploitation se trouve ailleurs, à Volnay, à Beaune, et parfois aussi en Côtes de Nuits.
Jean Philippe Fichet, Anne Morey, François Mikulski, mais aussi Dominique Lafon et trente cinq de leurs collègues ont pu récupérer 7 ouvrées chacun pour une durée d’exploitation de 25 ans en fermage. La préparation du sol a été compliquée par l’omniprésence de la roche en surface, qu’il a fallu briser pour pouvoir planter.
Cela représente tout de même quelques 2000 bouteilles supplémentaires pour chaque vigneronne ou vigneron. Dans la moitié des cuvées d’assemblage de Meursault village, vous aurez ainsi des raisins provenant de ces vignes plantées en 1998 et en 1999.
Appelée initialement “La Montagne” par les vignerons, la zone est désignée à présent comme “Chaumes de Narvaux”, située entre le climat des Narvaux à Meursault et la parcelle de la Pièce sous le Bois à Blagny.
Bel exemple de conscience de la part de la municipalité : aide aux jeunes, solidarité et promesse d’avenir.
