Domaine Marc Kreydenweiss

Vignerons - et meuniers, la maison familiale face à l’abbaye est d’ailleurs un ancien moulin - depuis 13 générations, les Kreydenweiss s’inscrivent pleinement dans la très longue histoire de la vigne à Andlau, petit village médiéval niché au pied du massif vosgien. A l’abri des vents glacés du Nord et des intempéries venant de l’Ouest, les versants Sud de la vallée d’Andlau sont déjà occupés par la vigne pendant le haut-Moyen-Age. On dit même qu’au 11ème siècle, le pape d’origine alsacienne, Léon XI, n’hésite pas à faire remplir les caves du Vatican avec ses vins préférés tout droit venus d’Andlau.


Il faut dire que ce petit vignoble, qui compte aujourd’hui trois fameux grands crus, Kastelberg, Wiebelsberg et Moenchberg, offre tout ce que l’Alsace peut donner de meilleur : un micro-climat très ensoleillé, une incroyable diversité géologique, entre schistes noirs et bleus, grès, marnes et calcaires et, bien sûr, des savoir-faire ancestraux et une connaissance intime des terroirs, précieusement transmise de génération en génération.


On doit évidemment à Marc Kreydenweiss, vigneron visionnaire et singulier, d’avoir fait entrer le domaine familial dans une nouvelle ère, celle des grands vins de terroir et de garde, bien loin des vins de cépage stéréotypés et de la course aux rendements qui dominent encore l’Alsace viticole des années 1970. Il prend la relève de son père René dès 1971. Très vite, il décide de réorienter la production du domaine à la recherche d’une expression complexe et pure des terroirs. Il diminue drastiquement les rendements, se concentrant sur l’épanouissement naturel de la vigne dans son environnement mais aussi la qualité et la précision du travail à la cave. Il sera l’un des précurseurs de l’adoption de la bio-dynamie en Alsace dès la fin des années 1980.


Alors que Marc, en quête de nouveaux horizons, se laisse tenter par la reprise d’un petit domaine du sud de la vallée du Rhône, son fils Antoine revient à Andlau en 2004, après une solide expérience bourguignonne. C’est auprès de deux des plus illustres vignerons de la Côte d’Or, Pierre Morey à Meursault et Jean-Louis Trapet à Gevrey-Chambertin, qu’il se forge ses premières convictions, à commencer par le respect absolu de l’identité de chaque terroir et le rôle essentiel de la vinification et de l’élevage pour mieux souligner les qualités intrinsèques de chaque vin. En 2007, à seulement 26 ans, Antoine prend seul les rênes du domaine. Depuis 10 ans, ce vigneron inspiré et engagé a su développer sa propre vision, celle d’un vin « vivant et libre, un vin qui exprime son terroir, mais surtout pas un vin parfait qui deviendrait vite ennuyeux ».


Accordant une très grande importance à la vie du sol et à la maturité la plus équilibrée possible des raisins, Antoine ne ménage pas ses efforts à la vigne, dans ces coteaux souvent vertigineux, comme sur le Grand Cru Kastelberg, où la pente rend tout travail mécanique impossible. Binage régulier et enherbement, labour à cheval, tailles extrêmement précises et ébourgeonnage sélectif, application régulière de tisanes de plantes et autres préparations bio-dynamiques… l’exigence et la quête d’excellence se nichent dans le moindre détail.


Respectueux de l’héritage familial et du travail des générations précédentes, Antoine ne s’est pour autant jamais laissé enfermer dans une sacralisation de la tradition et n’a pas hésité à faire évoluer les pratiques au domaine. Avide d’expériences et d’échanges avec d’autres vignerons alsaciens, il a progressivement allongé les pressurages, diminué voire supprimé l’ajout de soufre pendant la vinification. Il n’hésite pas, non plus, à allonger les durées d’élevage, majoritairement en foudres, jusqu’à près de deux ans pour ses grands crus. Des élevages longs qui stabilisent naturellement les vins et leur permettent de gagner en texture et en profondeur d’expression du terroir et du millésime.


A la fois obstiné et curieux, fidèle et novateur, libre et intègre, Antoine est sans aucun doute un des vignerons les plus attachants et doués de sa génération. Comme lui, ses vins possèdent une vraie personnalité, tout sauf linéaire, qui ne cesse de s’affirmer, au fil des années qu’ils passent en cave. Pour la première fois sur la Route des Blancs, une figure majeure et singulière de la viticulture alsacienne !

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