L’histoire du Domaine François Lumpp, c’est d’abord l’histoire de la passion d’une famille, fondée par François et Isabelle, pour les terroirs et les vins de Givry. Si François travaille la vigne depuis la fin des années 1970, c’est en 1991 qu’il décide, avec son épouse, de créer son propre domaine, modestement au démarrage, puisqu’il exploite alors moins de 4 hectares hérités de sa famille, après le partage des terres entre lui et son frère.
Grâce à une connaissance hors-pair de ces grands terroirs marno-calcaires, qui font la réputation des vins de Givry depuis de nombreux siècles, et à un sens de la vinification et de l’élevage qu’il ne va cesser d’affiner au fil des années, François Lumpp s'est durablement inscrit comme une figure de proue de l’appellation. Année après année, les Lumpp ont continué à chercher de nouvelles parcelles, sur les meilleurs terroirs, n’hésitant pas à jeter leur dévolu sur des terres en friche qu’ils ont alors patiemment replantées : le domaine compte aujourd’hui une petite dizaine d’hectares de vignes.
Si le pinot noir domine largement la production du Domaine, à l’image du vignoble de Givry, le chardonnay s’est peu à peu fait une place extrêmement qualitative, en constante progression : les meilleurs vignerons, comme François, ont très tôt compris l’intérêt de lui réserver des parcelles occupant plutôt les hauts de coteau, sur les sols les plus frais et calcaires, en privilégiant des expositions à l’Est ou au Sud-Est. Environ 2 hectares du vignoble familial sont aujourd’hui dévolus au blanc.
Ici, la valorisation des sols et de la plante est une priorité : chaque parcelle bénéficie d’une pratique culturale respectueuse, qui passe par le travail régulier des sols, la priorité donnée aux traitements organiques et biologiques et la limitation des rendements par un ébourgeonnage sélectif et même, parfois, une vendange verte. François a également compris depuis longtemps l’importance de travailler sur un matériel végétal de très haute qualité, seul capable de révéler le terroir avec finesse et intensité. Depuis plus de 20 ans, il n’a pas hésité à replanter tout ce qui devait l’être avec des sélections massales issues de quelques-uns des plus beaux domaines de la Côte d’Or voisine (le Clos de Tart notamment pour ses pieds de pinot noir)
S’il continue à prodiguer ses précieux conseils, François Lumpp laisse progressivement la place à ses enfants, Pierre et Anne-Cécile, le premier se consacrant plutôt au travail de la vigne, et la seconde aux vinifications et aux élevages. Tous deux poursuivent sur la voie qui a toujours guidé le travail de François : obtenir le raisin le plus sain, parfaitement mûr – mais surtout pas trop mûr -, le mieux à même de donner son équilibre au vin et de livrer toute la finesse et l’intensité minérale de ces sols calcaires et marneux. Par petites touches, ils font également évoluer le travail cultural vers davantage de bio-diversité dans les vignes. Ils développent ainsi progressivement la culture de couverts végétaux inter-rangs pour préserver la vie microbienne et les équilibres naturels des sols. Sur les millésimes solaires, qui se succèdent aujourd’hui, Pierre et Anne-Cécile n’hésitent pas non plus à allonger les élevages, pour laisser tout le temps aux vins de s’affiner.
Après un millésime 2019 aux faibles rendements, ayant donné des vins franchement enthousiasmants, les Lumpp récidivent de bien belle façon avec une collection 2020 brillante : les blancs, au profil charmeur et expressif, nous régalent de leurs aromatiques sensuelles, de leur profondeur texturée et de cette tension crayeuse qu’ils ont su trouver dans les sols.
Après une année 2019 marquée par des épisodes extrêmes à la vigne, entre gel au printemps et pics caniculaires en début d’été, 2020 fut nettement plus sereine. Bien que la saison fut encore une fois plutôt chaude et sèche, les vignes de chardonnay n’ont pas souffert de stress hydrique et les rendements se révélaient plutôt généreux, flirtant pour les blancs avec les 50 hectolitres par hectare. Récoltés entre le 20 et le 28 août, les raisins affichaient un état sanitaire impeccable et des équilibres proches de la perfection, avec des degrés d’alcool potentiels idéaux, entre 12.8 et 13°.
Cette collection 2020 offre aujourd’hui un profil particulièrement friand et savoureux : les vins, expressifs, profonds et gourmands, invitent à l’hédonisme et aux plaisirs de la table. Coulis et crèmes de fruits, volutes d’épices douces, sensualité et raffinement floral, des bouches texturées, charnues et savoureuses, parfaitement gainées par l’expression saline et crayeuse des sols : tout y est. Avec en prime cette année, une toute nouvelle cuvée parcellaire, Teppe des Chenèves, issue d’un terroir précoce très calcaire. On se régale de bout en bout et on en redemande !
Des vins indispensables dans toute bonne cave, qui nous montrent combien les terroirs de la Côte chalonnaise sont bien le prolongement naturel de ceux de la Côte de Beaune. En d’autres termes, de grands bourgognes blancs, complexes et profonds, à des prix encore abordables.
Superbe équilibre entre maturité et fraîcheur pour ce Crausot aux accents charmeurs qui passe de la pêche blanche à la pomme Granny, de la poire Williams aux fleurs printanières, du suc de violette aux jeunes pousses de coriandre ou de cerfeuil. Les zestes d’orange donnent du relief à une matière ample, gorgée d’un fruit crémeux. Succulent.
Ode sensuelle au terroir de Givry et à l’éclat généreux du millésime, il nous séduit par ses arômes d’ananas confit, de fruits à noyau et de mangue, de thé au jasmin, de fleurs lascives entre lys et violette, de safran et de curcuma, de miel de genêt et de beurre fondu, d’amande grillée et de nougatine. Il balance entre yin et yang. Un délice.
Calcaires et sols caillouteux impriment son caractère à ce nouveau parcellaire ! Ce terroir de haut de coteau livre un blanc intense et profond. Il chemine allègrement entre suavité ronde et fraicheur incisive. Floral, épicé, il s’étire sur un lit cajolant de fruits blancs juteux, rafraîchis par une exaltante touche marine. Coup de coeur.
L’adage small is beautiful trouve tout son sens. Les 50 ares du Clos des Vignes Rondes livrent un vin de belle envergure, digne des 1ers crus tout proches. On est frappé par la dimension dionysiaque de ce blanc charmeur et gourmand. La promesse de plaisir n’est pas démentie dans une bouche au jus souple et cajolant. Une réussite.